Depuis qu’il existe, l’homme a exploité la terre sur laquelle il est né, pour continuer à vivre et à se développer. Et cela semble bien normal, comment aurait-il fait autrement ? Tant que sa déprédation respectait un juste équilibre avec son environnement, il vivait une époque formidable.
Mais ces derniers siècles, leur quête de bonheur, et malheureusement pour un nombre limité d’entre eux, a poussé les hommes à intensifier leurs prélèvements, sans cesse accélérés. Les ressources naturelles leur paraissaient inépuisables. La majorité des experts sont aujourd’hui unanimes à reconnaître une rupture grave dans cet équilibre premier entre l’homme et la nature. Ils sont nombreux à pointer du doigt les conséquences à court et à long terme de ce déséquilibre.
L’opinion publique étant alertée, les instances internationales ont déjà, depuis plusieurs années, défini des catégories de coupables et proposé des solutions... non suivies d’effets. Les pollueurs ne sont pas souvent les payeurs.
Est-ce pour autant que rien ne change et que chacun peut se contenter de penser qu’il n’y peut rien ? A chaque échelon de responsabilité, les décisions prises comptent désormais lourdement pour l’avenir, quel que soit le domaine dans lequel elles s’appliquent et notamment dans l’industrie, les transports ou l’urbanisme.
Pendant le siècle écoulé le monde rural, proche de la nature, a quitté la campagne pour la ville, riche de promesses. Cet exode a transformé non seulement le tissu économique et social mais aussi les mentalités et les attaches affectives qui liaient précédemment l’homme à son environnement. La mutation d’un rural en urbain ne se fait pas sans déchirure, surtout lorsque l’urbanisation forcenée se fait essentiellement sur des critères économiques et non pour le bien être de l’homme.
Ce nouvel urbanisme, dicté par la nécessité, a complètement omis d’intégrer la nature qui jusque là était le cadre de vie de presque tous les hommes. Le béton s’est vite élevé plus haut que les arbres. Cet urbanisme-là a déraciné les arbres et les hommes pour en faire des moutons ou des révoltés.
Heureusement, chassez le naturel, il revient au galop... Il semblerait que la nature en fasse de même. Elle s’impose petit à petit à un certain nombre d’urbanistes qui essaient de concilier dans leurs projets économie et écologie. Une ville peut devenir un lieu où l’homme et la nature s’épanouissent ensemble. Pour cela, il faut renouer les liens qui unissent l’homme à son environnement. Chaque arbre, chaque parc, chaque ruisseau ou rivière, chaque espace vert et chaque fleur sont autant de relais qui rattachent l’homme à son passé et lui permettent de mieux appréhender son avenir.
Une ville ce n’est pas seulement un ensemble de bâtiments et de commerces reliés par des voies obstruées par des voitures. Pour que l’homme s’y développe naturellement, il a besoin d’un ensemble de services et de moyens qui ne soient pas dévoreurs d’énergie, d’oxygène et d’espace, qui le coupent de ses racines.
Une ville est un lieu où l’homme peut produire et se reproduire, habiter et cohabiter, se cultiver, échanger son avoir et son savoir, se déplacer et se rencontrer, regarder vers le ciel en gardant ses racines sur terre.
Pierre Mazzuchin, vice-président de Nordenvie